Maurice Izard nous a quittés ce mardi 13 août 2013, des suites d'une longue maladie contre laquelle il s'est battu avec opiniâtreté et courage. Ce dernier combat a été à l'image de l'homme qu'il n'a cessé d'être, un homme que l'on aime et que l'on respecte.

Maurice IzardToutes les forêts que Maurice a connues tout au long de sa vie se recueillent : la garrigue de Carcassonne, la forêt tropicale humide de Centrafrique aux frontières du Soudan et du Zaïre, celle de la Côte Est de Madagascar, celle de Bingerville en Côte d'Ivoire puis celle du Cameroun.

Mais aussi les "forêts administratives" de la direction Afrique du CIRAD puis du ministère de la Coopération, à la direction du développement, mais aussi le grand chêne de Lavalette quand il a assuré la direction régionale Languedoc Roussillon et enfin les arbres de son grand jardin qu'il aimait cultiver à Saussines avec toutes les autres forêts où il aimait à randonner. Dans tous ces lieux, chacun se souvient de sa présence et chacun est triste, rendant un peu à Maurice l'attention que, tout au long de sa carrière, lui-même a apporté également à chacun, qu'il soit humble ou puissant.
Le Cirad a perdu Maurice, dont le parcours fut exemplaire pendant trente années d'activité à l'IRCC et au Cirad, du fin fond de la station d'Obo en RCA aux lambris du MAE, boulevard Saint Germain, où il avait un tout petit bureau. Avec toujours la simplicité et la franchise directe qui étaient dans sa manière de faire, ne s'attachant qu'à l'important et aux vrais enjeux, insensible aux signes extérieurs du paraître, exigeant mais modeste. Maurice a toujours été authentique, droit et solide, parlant clair et fidèle à ses engagements : en Afrique et à Paris il sera un grand compagnon de route des chercheurs africains, soutien de la Coraf, avec des convictions fortes mais aussi une grande lucidité. Puis à Montpellier où il a œuvré à l'émergence des UR et UMR dans l'organisation du CIRAD. Dans toutes les grandes responsabilités qu'il a exercées au Cirad il a su prendre des décisions importantes, en totale loyauté vis a vis de ses mandants, en restant attentif aux détails, là où en général loge le diable.

Car Maurice, fort de son expérience de gestionnaire de la recherche en Afrique en tant que directeur de l'IRCC en Côte d'Ivoire puis de Délégué du Cirad au Cameroun, a toujours adopté dans son action une position pragmatique mais ambitieuse, confiante dans la coopération et le "faire ensemble", généreuse mais exigeante en termes d'efficacité, de résultats, de visibilité. Il a, par ses actions, ses décisions, ses choix, contribué à orienter le Cirad vers plus de coopération, plus de partenariat, d'alliances et de co-construction. Il a poursuivi dans cette approche, quand il a été mis à disposition du ministère de la Coopération puis des Affaires Etrangères, soutenant le CORAF et positionnant, au sein de la CRAI, la France vis a vis du GCRAI.

Maurice disait devoir beaucoup à l'Afrique et au Cirad. Avant même de citer tous les collègues et amis, grands responsables ou collaborateurs dévoués, il tenait à dire "thank you, Pam" à celle avec qui, depuis Obo, il a "tracé la route", comme on dit en Afrique. Nous sommes tous, collègues et amis de Maurice, dans la douleur et l'affliction avec elle, ses enfants et ses petits-enfants et lui présentons nos plus sincères condoléances.

Si Maurice a rencontré son épouse en Afrique, il y a par contre vécu des moments difficiles voire dangereux, connu trois coups d'Etat au cours d'affectations dans six pays différents, subi deux accidents de la route très graves. Et pour compléter l'inventaire avec son humour de toujours, "en France, résisté à mille réformes successives, à un flux continu de changements" pour conclure le jour de sa retraite : " je ne me suis pas ennuyé " et d'ajouter - et là est bien Maurice - : "merci".
Aujourd'hui nous tenons à rappeler ce que Maurice Izard a apporté au Cirad et à chacun de ses agents, par son engagement exemplaire au service d'une science pour le développement agricole et rural de l'Afrique. Et lui dire simplement merci pour tout cela. S'il ne nous reste qu'une image à garder en souvenir de cette mixité culturelle, de ce positionnement à la fois volontariste et ferme mais aussi humble par les racines assumées, ce sera une image musicale : le son d'une voix forte, rocailleuse avec toutes les saveurs de son Sud-Ouest, défendant, si besoin en anglais avec l'accent de Carcassonne, que l'excellence scientifique doit se conjuguer avec les collaborations au Sud.
Pour tout cela mais aussi le reste, merci Maurice, nous ne t'oublierons pas et que la paix soit avec toi.

Michel EDDI
Président Directeur Général du CIRAD
 


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