martinhegaLe mardi 28 juillet 2020, Martin Hega nous a brutalement quittés, à l’hôpital Amissa Bongo de Franceville (sud-est du Gabon), de suites de comorbidité liée à la COVID-19.

Martin aura été un « géant » à la fois par sa carrure imposante mais aussi par son engagement profond et résolu dans les problématiques de gestion durable et participative des ressources naturelles auprès des communautés locales riveraines des aires protégées, en participant à notre grand projet « Sustainable Wildlife Management » (SWM).


Dès son enfance, Martin a très tôt baigné dans des écosystèmes complexes comprenant à la fois l’environnement marin à Douala au Cameroun, mais aussi les zones humides constituées des lacs et du fleuve Ogooué à Lambaréné au Gabon. Ces habitats qui abritent une riche biodiversité ont sans nul doute contribué à éveiller la conscience de Martin sur la beauté de ce patrimoine naturel unique et l’importance de le préserver en impliquant étroitement les communautés locales qui y vivent. Avec l’âge et la formation, l’éveil de départ s’est progressivement transformé en conviction et en sacerdoce de toute une vie, au service de la conservation et de l’appui aux populations locales.
Au sortir du Sommet de la Terre de Rio en 1992, Martin a été parmi les premiers jeunes africains qui se sont engagés pour la défense de l'environnement et la conservation de la nature au Gabon. C’est ainsi qu’à la fin des années 90, aux côtés d’autres jeunes comme Christian Mbina, Omer Ntougou Ndoutoume, Guy Philippe Sounguet, Serge Akagah, etc. il a été parmi les rédacteurs du premier journal entièrement consacré à la thématique environnementale en Afrique centrale, Le Cri du Pangolin. Il a ensuite été pionnier de l'éducation environnementale et défenseur infatigable de la cause des communautés locales en lien avec la gestion des aires protégées et l’utilisation durable des ressources naturelles durant près d'une quinzaine d'années avec Wildlife Conservation Society (WCS), notamment dans la zone du parc national des Monts de Cristal au Gabon. En reconnaissance de sa passion et de son dévouement, les communautés locales riveraines du parc national des Monts de Cristal l'ont baptisé du nom de « Fima » qui signifie « pangolin géant » en langue Fang.
Son expérience et son expertise, il les a également partagées dans toute la sous-région d’Afrique centrale, notamment sur les problématiques conflits Homme-Faune avec la FAO, le projet MENTOR-POP (Progress on Pangolins) de l’USFWS (US Fish & Wildlife Service), le PACEBco (Programme d'Appui à la Conservation des Écosystèmes du Bassin du Congo), la Banque africaine de développement mais aussi en Afrique de l'Ouest à travers l'évaluation de l'efficacité de la gestion des aires protégées dans le cadre du projet BIOPAMA (Biodiversity and Protected Areas Management) de l’Union européenne.
Depuis plus d’une année, Martin était basé à Lastourville en tant que cadre scientifique aux côtés du Cirad pour la mise en œuvre du projet Sustainable Wildlife Management (SWM) de l’Union européenne sur la « Gestion durable de la faune sauvage pour l’amélioration des conditions de vie des populations locales ». Martin était devenu en très peu de temps un pilier majeur de ce projet, toujours souriant, solide et présent en toutes circonstances, excellent collègue de travail et tout aussi excellent camarade pendant les heures de liberté.
Martin, qui a côtoyé les plus humbles comme les plus grands, laisse le souvenir d’un être affable et dynamique, défenseur résolument engagé et dévoué à la cause environnementale. Il continuera à constituer une source d'inspiration pour les générations actuelles et futures. Il aura mené jusqu’au bout le beau combat pour la sauvegarde de la nature et des droits des communautés locales à en disposer durablement. Nous resterons fidèles à ses convictions en poursuivant son engagement.


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