Une figure du Cirad, notre ancien collègue Michel Hoarau est décédé à La Réunion le 20 février 2023.

Hoarau 1989En 1957, diplômé de l’Agro de Paris et de l’Esaat, Michel est recruté par les Services Agricoles de l’Etat comme directeur-adjoint du Centre Technique Interprofessionnel de la Canne et du Sucre (CTICS) de La Réunion. Il y reste trois ans avant de regagner la métropole pour se spécialiser en pathologie végétale à l’Orstom. En 1962, à la création de l’Irat à La Réunion, il est recruté comme phytopathologiste. Il mène des travaux de surveillance et de lutte sanitaires sur diverses maladies de la canne (gommose, échaudure, RSD, stries chlorotiques) en collaboration avec la station de Génétique de La Bretagne. Ingénieur touche-à-tout, Michel conçoit la méthode dite d’analyse à la presse hydraulique pour la détermination de la richesse sucrière de la canne. Cette méthode de détermination de la qualité de la canne conçue en appui aux travaux de recherche de l’Irat (agronomie générale, phytopathologie), est encore utilisée de nos jours dans de nombreuses filières cannières (paiement de la canne à la richesse, évaluation agronomique, analyse des performances d’extraction en sucrerie).

En 1970, Michel prend la Direction des productions agricoles des Sucreries de Bourbon dirigé par Emile Hugot. Il contribue à un plan de développement de la filière bovine sur l’île qui valorise les sous-produits de la canne et les travaux en productions fourragères de l’Irat conduits par Jean Fritz. Dans ce plan, il crée un groupement de producteurs bovin et une structure associée chargée d’un programme d’amélioration génétique. Avec Emile de La Giroday (Directeur du Cerf), Michel est l’un des acteurs majeurs du Plan de Modernisation de l’Economie Sucrière (PMES 1974-1982) suivi du plan de Consolidation (PCES 1982-1990). Ces deux plans successifs sont pilotés et soutenus financièrement par l’Etat ainsi que par le Conseil Général de La Réunion. Ils auront permis en une quinzaine d’années de puissantes actions visant à lever des freins majeurs de productivité de la filière : amélioration foncière et épierrage des champs de canne très caillouteux de La Réunion pour faciliter le développement de la mécanisation (plantation, entretien et récolte de la canne), rénovation des plantations et soutien technique (création de SICA-Cannes) à des milliers de nouveaux producteurs bénéficiaires d’une vaste réforme foncière mise en œuvre par la Safer. Sollicité par les Pouvoirs Publics et avec leur appui, Michel fonde en 1978 la Sofider [1]. Artisan infatigable et avisé du développement économie de son île natale, ne comptant jamais ses heures de travail, il préside bénévolement cette banque publique d’investissement jusqu’en 1985 (outre ces responsabilités professionnelles).

En 1979 Michel revient à la recherche agronomique en tant que Directeur de l’Irat-Réunion. Il est aussi le correspondant du Gerdat à La Réunion, avec pour mission de développer les effectifs et structures de la recherche agronomique devant constituer le futur Cirad. Il s’acquitte de cette mission avec Alain Derevier qui dirige le Ceemat Réunion puis le remplace localement comme Directeur du Cirad quand Michel est nommé en septembre 1983 chargé de mission auprès du Directeur général de l’Irat (Francis Bour) à Nogent sur Marne pour les DOM et les pays africains. En l’espace de quatre années (1980-1984), les effectifs de l’Irat et du Ceemat confondus auront été multipliés par trois à La Réunion et les infrastructures de recherche (laboratoires, bureaux) du Cirad à La Bretagne et de Ligne Paradis par deux. Entre 1987 et 1990 Michel est Directeur adjoint du Département Irat du Cirad alors dirigé par Claude Charreau, et il est également responsable de la sous-direction des cultures vivrières (programmes riz, maïs, canne à sucre, sorgho, cultures maraichères). En 1991, il regagne La Réunion. Il est Directeur du Cerf, Directeur du Cirad Réunion entre 1992 et 1993 et fonde avec Michel Colonna le Centre Français de la Canne et du Sucre (CFCS) qui associe producteurs agricoles, recherche agronomique et industrie.

Michel prend sa retraite fin 1994. Il la passe essentiellement dans la ville du Plessis Trévise où il avait établi sa résidence principale depuis une dizaine d’années. Il consacre du temps à des associations du Département du Val-de-Marne. Répond avec dévouement à quelques sollicitations ponctuelles de la filière canne de La Réunion (Publication d’un ouvrage sur l’histoire de son industrie rhumière, organisation d’un colloque international). Il voyage avec son épouse pour découvrir des contrées plus ou moins lointaines, et s’occupe de ses proches.

Michel Hoarau est décédé dans sa 90ème année. Il était père de 3 enfants, grand père de 10 petits-enfants et 9 fois arrière-grand-père.

Il laisse aux collègues qui l’ont connu le souvenir d’un grand serviteur de l’Irat puis du Cirad (haut niveau d’engagement dans toutes ses missions professionnelles et de dévouement à ses équipes), principalement à La Réunion où il aura été un des pionniers du développement de notre établissement avec de multiples partenaires du monde agricole et économique régional.

Présentation de condoléances à son épouse (Marie-Claire) et à sa famille.

Elisabeth Claverie de Saint-Martin
PDG  

PS : Distinction : Chevalier de l’Ordre National du Mérite (1990)

[1] Sofider : Société Financière pour le Développement de La Réunion. Société d’octroi de crédits aux entreprises qui implique comme membres fondateurs l’ex-Caisse Centrale de Coopération Economique – aujourd’hui AFD –l’IEDOM, le Conseil Général, le Conseil Régional de La Réunion et les trois Chambres professionnelles consulaires– Agriculture, Artisanat, Commerce. En 2003, l’AFD cède la Sofider au Groupe des Banques Populaires.

 


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