Claudeteisson (2)Notre collègue Claude Teisson nous a quittés à Paris, le 7 novembre 2022, à l’âge de 77 ans.

Claude est né le 25 septembre 1945 à Marseille d’un père ingénieur à l’EDF et d’une mère au foyer éduquant ses trois enfants. Claude avait un frère et une sœur.

Après des études secondaires et des classes préparatoires à Marseille, Claude a intégré l’Institut national agronomique (Ina) rue Claude Bernard à Paris, en 1964, et obtient le diplôme d’ingénieur agronome en 1967. En novembre de cette même année, il part en Côte d’Ivoire en qualité de volontaire de l’assistance technique avec affectation sur la station de recherches d’Azaguié gérée par l’Institut de recherches sur les fruits et agrumes (Irfa) dirigé localement par Jean-Marie Charpentier. Sur cette station, Claude a contribué à l’étude des carences minérales du bananier cultivé sur des buses lysimétriques. Il y côtoyait d’autres chercheurs tels que Michel Beugnon, Jean Bourdeault, Jacques Godefroy.

A l’issue de son service en coopération, Claude a été recruté en 1969 par l’Irfa pour une affectation en Martinique sur la station de Moutte dirigée par Jean Guillemot. Il s’est intégré, avec Alain Guyot, dans le programme de recherche ananas animé par Claude Py, aux côtés d’autres chercheurs attachés à d’autres programmes tels que Micheline Dormoy, Yves Bertin, Xavier Reynier Vigouroux et Alain Poignant. En Martinique, Claude a principalement travaillé sur la maîtrise du cycle de l’ananas et la fertilisation en relation avec la qualité des fruits. En 1971 Claude est affecté de nouveau en Côte d’Ivoire mais cette fois sur la station de l’Anguédédou totalement dédiée aux recherches sur l’ananas. Il s’intègre comme agronome physiologiste à une équipe pluridisciplinaire composée de : Jean-Pierre Penel, pédologie ; Jean-Claude Combre, bioclimatologie ; Jean-Louis Sarah, entomologie-nématologie ; Martin Kéhé, nématologie ; Alain Pinon, agronomie ; Jean Bouffin agronomie ; Pierre Frossard, phytopathologie, puis Chantal Loison, génétique. Succédant à Marc André et Renée Tisseau, Claude poursuit et développe des recherches sur le métabolisme crassulacéen de l’ananas, les carences minérales et leurs incidences sur la qualité des fruits. Ses travaux se sont concrétisés par une thèse de doctorat sur le « brunissement interne de l’ananas » dirigée par les professeurs d’Auzac et Ulrich, thèse soutenue en 1977 à l’université d’Abidjan devant un jury présidé par le ministre ivoirien de la Recherche scientifique, le professeur Lorougnon Guédé.

Après un an comme directeur de la station de l’Anguédédou, Claude est remplacé dans le laboratoire de l’Anguédédou par Jean-Joseph Lacoeuilhe et rappelé par l’Irfa fin 1981 pour une affectation sur le campus du Gerdat à Montpellier, au laboratoire de recherche sur la culture in vitro des plantes tropicales dirigé par Pierre Dublin, auquel il succédera quelques années plus tard. En cette fin de partie de carrière sur le terrain totalement consacrée à l’ananas, Claude est resté imprégné de l’influence de deux scientifiques de renommée internationale : le professeur américain de l’université d’Honolulu Wallace G Sandford et Claude Py avec lequel, en collaboration avec Jean-Joseph Lacoeuilhe, il a coécrit l’ouvrage L’ananas : sa culture, ses produits, édité par Maisonneuve et Larose en français, anglais et espagnol. Plus de 30 ans après sa publication, cet ouvrage reste encore la référence scientifique sur cette production fruitière tropicale. Il a reçu la médaille d’argent de l’académie d’Agriculture.

Directeur du laboratoire de culture in vitro du Cirad pendant près d’une quinzaine d’années, en appui aux programmes des différents départements, Claude a largement contribué à des avancées scientifiques majeures dans ce domaine très singulier de la multiplication des végétaux in vitro. Convaincu que cette discipline ne pouvait progresser qu’en symbiose avec celles de la biologie moléculaire et de l’histologie, on peut reconnaitre à Claude son rôle fondateur du collectif Biotrop devenu l’UMR Agap, la plus grosse unité mixte de recherche du Cirad.

Touchant à un panel de plantes telles que les bananiers, l’ananas, le caféier, la canne à sucre, l’hévéa, le riz, Claude a encadré la formation de très nombreux Ciradiens et jeunes chercheurs du Sud inscrits en thèse et avec lesquels il a publié de multiples articles scientifiques référencés dans la base Agritrop. Parmi ses doctorants, l’un d’entre eux l’a particulièrement marqué, Luis Cuauhtemoc Navaro Mastache, Mexicain devenu directeur du plus grand laboratoire de culture in vitro du Mexique dans le Yucatan.

Dans ce parcours dédié à l’in vitro dans lequel Pierre Pallares l’a accompagné et Jacky Ganry puis François Côte, chefs du programme banane qui l’ont soutenu, Claude a imprimé son savoir sur deux éléments dont la finalité économique a dépassé tout espoir et contribué à la notoriété du Cirad. Avec Alain Guyot, il a créé Vitropic, filiale du Cirad, entreprise de production industrielle et commerciale de vitroplants de bananiers, ananas… installée à St Mathieu de Tréviers.

Avec ses collègues du labo dont Régis Domergue, Nicole Ferrière et Yvan Mathieu de Vitropic, il a contribué à des avancées significatives dans l’embryogenèse somatique des bananiers et à l’invention du bioréacteur RITA, récipient à immersion temporaire automatique, marque déposée et commercialisée de par le monde par Vitropic.

Le besoin de renouer avec le terrain a généré chez Claude l’envie d’accepter, début 2000, la proposition du département Flhor, dirigé par Jean-Pierre Gaillard, d’animer l’équipe de chercheurs de la filière ananas et d’assurer la promotion des nouvelles variétés créées par Chantal Loison. Il a exercé cette responsabilité jusqu’à son départ en retraite fin, 2005.

Au-delà de cette brillante carrière on ne peut passer sous silence quelques traits de la personnalité et des activités annexes à caractère familial, social, culturel, solidaire, humanitaire de Claude pendant sa vie professionnelle et pendant sa retraite.

Claude s’est marié avec Janine, le 15 juillet 1967, à Grenoble. Avec son épouse ils ont eu deux enfants Cécile et Olivier et quatre petits-enfants Célia, Clara, Roxane et Ulysse. Très fier de sa famille, Claude rappelait que son épouse, professeur de Français, était devenue écrivaine.

Claude avait un sens aigu d’une amitié entretenue avec de nombreux collègues partageant avec eux des activités de loisirs ou culturelles. On doit ainsi noter sa traversée aventureuse du Sahara avec son épouse et Marie-Thérèse et Jean Bourdeault.

Claude avait plusieurs passions dont la photographie avec des expositions régionales et surtout son engagement dans le festival annuel du film court d’Aigues-Vives dont il a été président pendant plusieurs années.

Parmi ses hobbies il aimait particulièrement l’équitation et la plongée sous-marine.

Cet homme curieux, généreux, enthousiaste, très ouvert à l’art, aimant les voyages aurait pu vivre une retraite métropolitaine bien remplie ; c’était ne pas comprendre l’homme qui avait côtoyé dans sa vie professionnelle la pauvreté des populations rurales africaines et malgaches.

Ainsi Claude s’est engagé dans la voie solidaire en adhérant et intervenant en qualité d’agronome tropicaliste bénévole dans deux ONG, Ecoles du monde et Microfel, avec des interventions fréquentes dans la région de Majunga à Madagascar et au Maroc.

Cette hyperactivité d’un homme humaniste, attachant, s’est brutalement arrêtée le 7 novembre. Que son épouse, ses enfants et petits-enfants, soient assurés de notre sympathie, gratitude et reconnaissance à Claude Teisson qui repose désormais au cimetière de St Just, près de Montpellier.

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