Jean-Marie Charpentier, dernier directeur général de l’institut de recherche sur les fruits et agrumes (Irfa) et premier directeur du département Cirad-Irfa est décédé à Royan, le 27 avril 2019, dans sa 89e année.

 Il est né le 14 novembre 1930 à Vaux-en-Couhé (Vienne) de parents instituteurs au sein d’une fratrie de quatre enfants.

Après l’obtention du baccalauréat sciences ex et le suivi des classes préparatoires au lycée de Poitiers, il intègre l’Ena d’Alger (Maison carrée) de 1952 à 1955 et en sort avec le diplôme d’ingénieur agronome. Il fait son service militaire dans l’infanterie, d’octobre 1955 à décembre 1957, dont 22 mois en Algérie, à la tête d’une unité combattante en Kabylie près de Tizi-Ouzou. En opération, il doit sa vie sauve à l’intervention rapide de l’un de ses soldats. Après ce long séjour sous les drapeaux, son premier emploi de courte durée s’est exercé dans une exploitation viticole à Meknès au Maroc.

Le 1er mai 1958, il est recruté par l’Institut des fruits et agrumes coloniaux (Ifac) en qualité d’agronome chercheur dans le programme « bananiers » dirigé par Jean Champion et affecté sur la station d’Azaguié en Côte d’Ivoire dont il prend la direction en 1965.

A Azaguié, la majorité de ses travaux de recherche ont porté sur la physiologie du bananier, sur la nutrition de la plante et l’expression des carences minérales en collaboration avec Jacques Godefroy et Pierre Martin-Prével. Ses résultats de recherche ont été publiés dans une dizaine d’articles de la revue Fruits et dans deux ouvrages : La culture bananière en Côte d’Ivoire (1960), avec Jacques Godefroy, et Carences et troubles de la nutrition minérale chez le bananier. Guide de diagnostic pratique (1968), avec Pierre Martin-Prével.

En décembre 1967, il est nommé directeur de l’Ifac en Côte d’Ivoire en remplacement de Pierre Merle, appelé au poste de secrétaire général de l’institut. En 1977, il cumule sa fonction de directeur avec celle de représentant du Gerdat en Côte d’Ivoire et ce jusqu’en janvier 1983. Remplacé à Abidjan par François Pointereau, il est nommé à Paris, adjoint de Jean Cuillé, directeur général de l’Irfa, auquel il succède en juillet 1983. Durant ses 25 années passées en Côte d’Ivoire, Jean-Marie Charpentier a non seulement dirigé une vingtaine de chercheurs du plus gros dispositif de l’institut outre-mer, comprenant 4 sites (Azaguié, bananiers et fruitiers ; Anguédédou, ananas ; Nieky, bananiers sur tourbière ; Korogho, manguiers) mais aussi représenté les autres instituts du Gerdat en Côte d’Ivoire qui déployaient dans les années 80 pas moins de 140 chercheurs repartis sur de nombreuses stations. Parmi les chercheurs de l’Irfa qui ont résidé en Côte d’Ivoire sous sa direction on peut citer : Jean Guillemot, Claude Teisson (dont il a soutenu la thèse sur le brunissement interne de l’ananas), Jean-Jo Lacœuille, Chantal Loison, Alain Poignant, Alain Gicquiaux, Pierre Frossard, Rémi Guérout, Jean Bourdeaut, Alain Pinon, Michel Beugnon, André Lassoudière, Martin Kéhé, Jeanne d’Arc Obendou, Pierre Soulez, Renée et Marc André Tisseau, Jacques Godefroy, Alain Guyot, François Pointereau… et Jean-Claude Combres qu’il a soutenu dans l’aventure scientifique du BEARN (Bilan d’énergie automatique régional numérique) permettant de mesurer la demande climatique in situ au niveau du couvert végétal.

JM Charpentier1Au cours de ce long séjour il a construit des relations très étroites avec les organisations professionnelles de la filière fruits mais aussi avec les autorités ivoiriennes, notamment le président Houphouët Boigny, Henri Konan Bédié et le ministre Bala Keita qui l’a décoré commandeur de l’Ordre de l’éducation nationale et de la recherche scientifique de Côte d’Ivoire. Enfin, on doit rappeler qu’il a été, en qualité de président d’une commission paritaire, l’artisan de l’unification des statuts des personnels nationaux recrutés par les différents instituts en Côte d’Ivoire.

Après avoir été directeur général de l’Irfa de juillet 1983 au 29 novembre 1984, il est – après, dévolution des biens et transfert des personnels de l’institut au Cirad – nommé par Hervé Bichat, directeur du département Cirad-Irfa.

Du 1er janvier 1985 au 1er janvier 1992, il occupera ce poste rue du général Clergerie, appuyé à Paris par Jacques Billod, Pierre Lossois puis Etienne Laville et à Montpellier par Jean-Pierre Gaillard. Il sera remplacé par Jean-Louis Rastoin puis deux ans plus tard par Jean-Pierre Gaillard. Pendant cette période, il est à l’origine, avec Alain Guyot, de la création de Vitropic, filiale du Cirad productrice à l’échelle industrielle et commerciale de vitroplants d’espèces fruitières tropicales et notamment bananiers.

Jean-Marie Charpentier termine sa carrière en qualité de conseiller du directeur général du Cirad, Henri Carsalade, de janvier 1992 à septembre 1993, période pendant laquelle il rédige, dans la collection Autrefois l’Agronomie, l’ouvrage L'Institut de Recherches sur les Fruits et Agrumes 1942-1984 : de l'IFAC à l'IRFA, en collaboration avec Etienne Laville, Pierre Lossois et Bernard Moreau.

 

Jean-Marie Charpentier laisse le souvenir d’un homme intègre, d’une grande rigueur scientifique, d’un manager exigeant pour lui-même et pour la gestion et la tenue des dispositifs de recherche outre-mer. Il fait partie de ceux qui ont bâti la notoriété des instituts et contribué à la réussite de leur intégration au sein du Cirad.

L’Adac reconnaissante des qualités de l’homme et de son parcours professionnel adresse à son épouse Anne et leurs enfants et petits-enfants ses condoléances.

Jean-Marie Charpentier repose désormais au cimetière de Geay près de Thouars dans les Deux-Sèvres.


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