Décédé à Paris le 12 février 2019, Michel Miette était né à Sainte-Hélène dans les Vosges le 22 mars 1936, dans une famille de paysans-bûcherons.

De cette origine, il gardera toute sa vie un attachement aux Vosges et à sa forêt.

En 1956, il obtint son baccalauréat en sciences expérimentales ; de 1958 à 1960, à la Faculté des sciences de Nancy, après le SPCN (certificat d'études physiques, chimiques et naturelles) il passa les certificats de licence en pédologie et botanique agricole ; en 1961, il obtint son diplôme d’ingénieur agronome de l’Ensa. En 1964, après son service militaire, il passa le diplôme d’agronomie tropicale de l’ESAT (Ecole supérieure d’agronomie tropicale) à Nogent-sur-Marne.

Recruté en mai 1964 par l’IRCC, il est affecté en République centrafricaine, au Centre de recherches agronomiques de Boukoko, comme agronome pour la sélection et l’agronomie du caféier Robusta, jusqu’en 1966.

D’août 1966 à février 1967, il est affecté à la Direction générale de l’IRCC à Paris pour effectuer des travaux de bibliographie.

De mars 1967 à septembre 1972, il est affecté au Cameroun à la station du cacaoyer de Nkoemvone : chargé de l’agronomie et associé en coresponsabilité à la production végétale (semences sélectionnées et boutures). Il est également adjoint au directeur de la station.

De septembre 1972 à août 1977, il est nommé directeur de la station du caféier de Foumbot (Cameroun).Il sera chargé de la création de cette station (défrichement et constructions), gestion de 70 employés. Il aura une expérience plus particulière en agriculture sous forme d’essais en station, et d’essais en vraie grandeur, en plantations intensives et paysannes extensives traditionnelles, ainsi qu’une expérience des associations caféier arabica avec les vivriers.

De septembre 1977 à juin 1983, il sera détaché à la Sodecao (Société de développement du cacao - Yaoundé),comme agronome recherche-développement, chargé d’étudier les thèmes de développements techniques éventuellement vulgarisables en milieu paysan : modalités de la culture semi-intensive du cacaoyer, associations culturales entre cultures vivrières et cacaoyers, régénérations, redensifications des cacaoyères, arbres à bois d’œuvre utiles pour l’ombrage des cacaoyers, supervision de la production de semences sélectionnées de cacaoyers etc., enfin chargé de la formation des agents de recherche-développement . Il sera en outre responsable pendant 2 ans de la lutte anti-capsides avec 38 véhicules à disposition.

De mars 1984 à avril 1986, mis à la disposition du BDPA (Bureau du développement de la production agricole), il sera affecté au Gabon comme chef de projet cacao de la province de Wolen N’tem à la Sonadeci (Société nationale de développement des cultures industrielles) pour l’amélioration des cacaoyères traditionnelles villageoises (replantations, prophylaxie, vulgarisation des techniques agricoles), pour travailler sur un programme de culture semi-intensive chez les planteurs volontaires groupés, pour le démarrage de deux blocs agro-industriels de cacaoyers.

D’avril 1986 à décembre 1989, il est chef du service recherche-développement café-cacao (IRCC-Côte d’Ivoire). Il étudiera des dispositifs de lutte contre la sécheresse en milieu paysan ; procédera à diverses interventions techniques pour améliorer les techniques traditionnelles ; étudiera les effets de l’écimage et de la taille tournante sur le caféier.

De 1990 à décembre 1993, il est responsable de la station Cirad-IRCC de Divo en Côte d’Ivoire. Il étudiera les plantes améliorantes de couverture sur caféier afin de corriger en partie l’abandon de la fertilisation minérale (Flemingia et crotalaire comme plantes arbustives à étêter) ; ainsi que la succession culturale caféier-colatier. Il terminera sa carrière africaine comme directeur de station en Guinée Conakry près de Kissidougou. Il prit sa retraite le 31 juillet 1996. Installé à Paris, éloigné de la forêt, sa passion se déplaça tout naturellement pour l’histoire des Vosges.

Citons quelques extraits des témoignages émouvants de plusieurs collègues et amis sur sa personnalité, ainsi que celle de son épouse : ils se souviennent de leur grande générosité, leur goût de la rencontre, leur sens de l’accueil et de l’amitié.

« Au-delà de ses compétences agronomiques, Michel Miette s’intéressait à l’Afrique et aux peuples africains, à leur histoire et à leurs coutumes qu’il connaissait et dont il aimait parler. Si Michel s’occupait de la station, son épouse assurait l’intendance et le suivi familial de leurs trois enfants. »

« Lorsqu’on arrivait dans l’Ouest-Cameroun au milieu des années 70, il était impossible de ne pas entendre parler de Michel et Marie-Claude Miette. Pour un expatrié la rencontre était inévitable. Chez « les Miette », grâce à la chaleur de l’accueil, de solides amitiés se forgeaient. Elles se prolongeaient en été dans leur maison de vacances d’Autrey dans les Vosges, ou plus tard dans les années 80 dans leur appartement à Paris. Chez eux, en Afrique comme en France, on pouvait rencontrer toutes les nationalités, qu’ils soient ministres, diplomates, chercheurs de divers organismes, coopérants et expatriés français, volontaires du Peace Corps, missionnaires, et même des évêques !!! »

« Michel mettait ses compétences au service des planteurs des ethnies Ewondo et Boulou pour les inciter à dynamiser et moderniser les productions paysannes. »

 

Des témoignages divers attestent d’amitiés nouées par Michel et Marie-Claude Miette :

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« Passé des vallées vosgiennes aux tropiques, Michel consacra une grande partie de sa vie professionnelle à promouvoir l’amélioration des systèmes de production agricoles en zone forestière d’Afrique centrale, et plus spécialement en appui aux petits producteurs de café et de cacao (spécialement au Cameroun). Outre la recherche appliquée, son intérêt et action ciblait davantage la diffusion et la mise en œuvre de pratiques d’intensification de la production et de transformation auprès des petits paysans.

 L’écosystème forestier constituait ses racines et lui permettait de se ressourcer, y compris dans les forêts de sa terre natale où il pratiquait également durant ses temps libres l’intensification des ‘sapinières’ et la diversification des systèmes forestiers (i.e. noisetiers) et dont il partageait volontiers les avancées, surtout par l'exemple.

 Pour ceux qui auront croisé son chemin, beaucoup se rappelleront de l'accueil de la famille Miette animée par Marie-Claude, souvent à l'initiative de tissage de liens pour l'accueil des nouveaux/jeunes, facilitant leur intégration dans la vie locale et cultivant des amitiés durables. »

Hermann Pfeiffer, ingénieur agronome belge

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«  Avec Michel Miette, nous nous avons été collègues et voisins de juin 1970 à fin 1973, sur la station de recherche cacaoyère I.F.C.C. (Institut Français du Café et Cacao) de N’Koemvone au sud d’Ebolowa (Cameroun).

   Plus ancien que moi, nous avons sympathisé professionnellement et humainement. Je garde le souvenir d’un collègue passionné et rigoureux mais aussi d’un voisin très serviable, ouvert et curieux sur beaucoup d’autres questions à caractère humain et social. »

Guy  Roux, agronome (ancien directeur de l’École supérieur européenne de Poisy)

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« Nous avons connu la famille Miette au Cameroun lorsque Michel dirigeait la station de recherche sur le café de Foumbot alors que nous étions nous-mêmes à Bafoussam de 1975 à 1978. Si Michel s'occupait de la station, il savait aussi nous faire partager sa passion pour les arbres. Marie-Claude assurait l'intendance et le suivi familial de leurs trois enfants.

Michel a ensuite été nommé à Nkol Bisson, près de Yaoundé de 1977 à 1982 ( ?), où les enfants purent poursuivre leurs études. Quelques années plus tard, la scolarité des enfants a exigé que Marie-Claude vienne vivre en France, Michel restant en Afrique. L’amitié nouée au Cameroun s’est poursuivie en France.

Nous avons retrouvé notre ami Michel en 1996 en Guinée Conakry où il dirigeait une station près de Kissidougou. »

Marie-France et Jean-Noël Gibert, professeur d’économie, ingénieur EDF

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Lorsqu’on arrivait dans l’Ouest-Cameroun au milieu des années 70, il était impossible de ne pas entendre parler de Michel et Marie-Claude Miette. Pour un expatrié la rencontre était inévitable. La station de Foumbot était le passage obligé de nombreuses personnalités camerounaises ou européennes, mais aussi le refuge de voyageurs égarés qui pouvaient y reprendre des forces. Chez « les Miette », grâce à la chaleur de l’accueil, de solides amitiés se forgeaient. Elles se prolongeaient en été dans leur maison de vacances d’Autrey dans les Vosges, ou plus tard dans les années 80 dans leur appartement à Paris. Chez eux, en Afrique comme en France, on pouvait rencontrer toutes les nationalités : des ministres, des diplomates, des chercheurs du Musée de l’Homme, des coopérants français, des volontaires du Peace Corps, des expatriés planteurs ou non, des missionnaires et même des évêques….C’est tout ? Non, il y avait aussi les voisins, les amis, et les membres de leurs familles pour la plupart paysans ou forestiers. Et par-dessus tout, des enfants de tous continents et de toutes couleurs, car à ceux de la famille, des amis, des voisins, Michel et Marie-Claude ajoutaient chaque été au moins un enfant en vacances recruté dans une association. Marie-Claude servait de seconde maman et Michel pouvait se ressourcer dans sa chère forêt vosgienne. La retraite venue, installé à Paris, éloigné de la forêt, sa passion se déplaça tout naturellement pour l’histoire des Vosges.

Pour sa générosité, pour son goût de la rencontre, pour les passions qu’il voulait faire partager dans ses conversations, je garde le meilleur souvenir de Michel Miette.

Serge Pacull, professeur de mathématiques.

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Au mois d’octobre 1981, fraîchement nommé au Cameroun, j’y découvrais l’expatriation. À Yaoundé, le hasard me fit rencontrer, pour la première fois, Michel Miette qui devait rester un ami.

            Ce Lorrain, au caractère entier, était instruit de l’histoire mouvementée de sa province d’origine et en chérissait les riches traditions. Dès l’enfance, il avait grandi dans le somptueux décor d’un paysage vosgien, qui lui avait inspiré un amour indéfectible de sa forêt d’abord, puis de toutes les forêts.

Michel Miette a vécu la presque totalité de sa carrière professionnelle outre-mer, en Afrique : il fut principalement affecté en Centrafrique, au Cameroun, en Côte d’Ivoire et en Guinée Conakry. Ingénieur agronome, il se consacra surtout à la recherche et au développement dans le domaine de la production cacaoyère. Quand je le connus, le Cirad l’avait mis à la disposition de la Sodecao, une société d’appui à la promotion de la cacao-culture au Sud Cameroun. Il mettait ses compétences au service des planteurs des ethnies Ewondo et Boulou, pour les inciter à dynamiser et moderniser les productions paysannes.

Au-delà de ses aptitudes en matière agronomique, Michel Miette, s’intéressait aux peuples africains : leur histoire, leurs coutumes […] et savait nous en parler.

Merci Michel, pour les moments incomparables que tu nous as fait partager ; nous ne les oublierons pas.

Michel Jacquet (Cirad)


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