Notre ancien collègue Roland Dumont est décédé à l’âge de 84 ans le 23 mai 2018 à Valenciennes (59) où il résidait depuis son départ en retraite en 1997. Ses obsèques ont eu lieu le lundi 28 mai.

Roland était d’origine belge, né le 11 mai 1934 à Erpion au sud de Charleroi et a commencé sa carrière dans des conditions difficiles comme ingénieur agricole à l’INEAC (Institut National pour l'Etude Agronomique du Congo belge) de 1958 à 1960.

Il a ensuite travaillé pour la SOGETHA, un bureau d’étude français, comme chef de la station agricole de Sourou au Burkina alors Haute Volta de 1961 à aout 1963. Il est alors rentré à l’IRAT et directement affecté au Nord du Bénin (à cette époque le Dahomey) à la station de Ina jusqu’en 1976. Sa carrière l’a ensuite amené de nouveau au Burkina, à la station de Farako-Ba (1976-80) puis à Bouaké en Côte d’Ivoire de 1980 à 1993 au sein de ce qui était alors l’IDESSA (Institut des Savanes devenu maintenant le CNRA). Il termina sa carrière, entièrement africaine, à la station IITA (International Institute for Tropical Agriculture) de Cotonou au Bénin comme responsable de l’unité de coordination des recherches sur les ignames CIRAD-IITA (1993-1995). Il a passé ses 2 dernières années à Montpellier avant une retraite bien méritée prise en juin 1997.

Après avoir commencé sa carrière à l’IRAT au sein du programme maïs (il est à l’origine de la variété bien connue des agronomes en Afrique de l’ouest – CJB –composite jaune de Bouaké) ses travaux se sont focalisés pendant plus de trente ans sur les ignames africaines cultivées et sauvages. Un sujet de recherche devenu pour lui une vraie passion qu’il avait à cœur de faire partager en particulier auprès de plus jeunes collègues africains. Pendant plus de trente ans il a réuni une connaissance très complète de la biodiversité de ces plantes et des savoirs paysans qui y sont attachés. Il a suivi en 1974 les cours de botanique du professeur Jacques Miège à Genève, un pionnier de la cytogénétique des ignames africaines. Roland se considérait comme son élève. Dans ses investigations ultérieures Il a notamment mis en évidence l’importance des pratiques paysannes de domestication des ignames sauvages en Afrique de l’Ouest et leur apport dans l’amélioration des ignames cultivées. Sa disparition laisse un vide dans la communauté des « ignamologues » africains mais il a eu à cœur y compris durant sa retraite de continuer à capitaliser ses dernières connaissances par plusieurs publications qui font, aujourd’hui encore, référence sur le sujet.
Homme discret mais à la passion communicative Roland avait su maintenir contre vents et marées et parfois isolé au sein du Cirad une expertise forte sur cette plante et culture emblématique de l’agriculture africaine. Cette opiniâtreté a fini par être reconnue et a servi de base pour une renaissance de ces recherches au Cirad avec la création en 1996 de l’équipe racines et tubercules animée alors par Jean-Leu Marchand au sein du programme Cultures Alimentaires (Calim). Ces activités ont été depuis consolidées et étoffées dans différentes unités de recherche du Cirad d’aujourd’hui.
Que son épouse Arlette qui l’a toujours accompagné en Afrique, ses deux enfants Muriel et Hugues, ses deux petites filles Mathilde et Alice et toute sa famille trouvent dans ce message, l’expression de notre reconnaissance pour le travail accompli, et de notre soutien dans ce moment douloureux pour eux.

Michel Eddi
Président directeur général

Nous sommes nombreux à l'Adac à l'avoir connu et apprécié notamment ceux qui ont travaillé sur l'igname et qui savent ce qu'il a apporté à la connaissance de cette plante si importante et identitaire pour les états côtiers de l'Afrique.
Jacques Chantereau
Président de l'Adac

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