Pierre Bouharmont nous a quittés le 30 avril 2021. 

Né à Grand-Halleux, petit village des Ardennes belges, le 31 janvier 1933, il entre à l’école primaire à Grand-Halleux, puis à l’école secondaire à Stavelot, et fait ses études supérieures à l’UCL (Université Catholique de Louvain).

Bouharmont1978En 1956, il obtient brillamment son diplôme d’ingénieur agronome, spécialité régions tropicales, ainsi qu’une licence en sciences botaniques. Il obtient alors une bourse d’études qui lui permet de sillonner le Congo belge, dans des conditions pour le moins aventureuses, et de se familiariser in situ avec les cultures tropicales. Ce voyage lui a aussi donné l’occasion de rendre visite à sa future épouse, Mady, qui y vivait avec sa famille.

Engagé en 1958 par l’Ineac (Institut national pour l’étude agronomique du Congo belge), il part avec Mady au Rwanda à la station de Rubona, où naissent ses enfants Yvette et Jean-Pol. Il mène des recherches sur l’amélioration de la culture du caféier ; il assure la direction de la station climatologique de Rubona et met en place le Bureau de centralisation des documents climatologiques du Rwanda-Burundi.

De retour en Belgique (où naîtra sa fille Chantal), de 1962 à 1964 il travaille à l’IRSIA (Institut pour l'encouragement de la recherche scientifique dans l'industrie et l'agriculture) au sein du Programme d’étude des laboratoires de phytotechnie tropicale, de cytogénétique et de physiologie végétale de l’Université de Louvain. Il étudie plus particulièrement l’action gamétocide du F.W.450 sur différentes espèces végétales.

Le 12 août 1964, il est recruté par l’IFCC (Institut français du café et du cacao), et part pour le Cameroun avec son épouse et ses trois enfants, en tant que chef de la Division d’amélioration et de recherches agronomiques sur le caféier au Cameroun. C’est dans ce beau pays qu’il effectuera l’essentiel de sa carrière, de 1964 à 1992, au service de la recherche dans la culture du caféier : travail de bureau, de laboratoire et dans les bacs de bouturages à Nkolbisson près de Yaoundé, mais aussi effectuant beaucoup de déplacements en brousse pour ses travaux de recherche auprès de grosses exploitations ou de petits producteurs locaux. Pendant ces mêmes années, il s’est rendu régulièrement en mission à l’étranger : Côte d’Ivoire, Bénin, Togo, Costa Rica, Laos…

Il a participé aux réunions conjointes IFCC/ORSTOM sur la structure et la variabilité de l’espèce dans le genre Coffea, ainsi qu’à plusieurs conférences internationales. Son travail s’est concrétisé par des publications autour du caféier sur la taille, le recépage, la conservation des graines, les plantes de couverture et le paillage, la sélection des caféiers arabica et robusta...

Deux petites anecdotes peuvent représenter quelque peu ses années camerounaises à la fois laborieuses et sportives : quand il rentrait de voyage en brousse sur des pistes de latérite cahoteuses, fenêtre ouverte, nous le retrouvions bras et visage gauches rouges de poussière : impressionnant ! De tempérament particulièrement discret et humble, il se vantait pourtant parfois d’avoir battu Yannick Noah au tennis, bien entendu quand celui-ci était tout juste adolescent, mais quand même !

Transféré à Montpellier en 1991, où il est affecté au service d’agronomie de l’IRCC, Pierre prendra le temps de publier les résultats de ses nombreuses recherches tout en continuant à apporter son expérience à ses collègues, notamment lors de plusieurs missions. En avril 1993, il prend sa retraite en Belgique dans son village natal « à la maison » tout en restant en contact avec d’anciens collègues pour certains travaux de recherche. Jusqu’au bout, il a continué à se passionner pour la nature et ses espèces, cette fois beaucoup plus septentrionales, passant beaucoup de temps dans son jardin et ses bois de sapins. Il était décoré de la croix de chevalier de l’ordre de la Couronne (Royaume de Belgique).


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